jeudi 13 septembre 2012

WTF

Jour 53 - jeudi 13/09/12

Nan mais ces Indiens..... Non non promis je m'énerve pas. Je suis juste HYPER déçue. On apprend avec 3 semaines de retard qu'il y avait des soirées d'intégration (à l'indienne, certes, mais c'est toujours sympa de pouvoir rencontrer les gens hors contexte scolaire, rire, faire les idiots etc ! non ?)...
Bien entendu on ne nous a pas prévenu : "bah on pensait pas que ça vous intéresserait" >_< Bah voyons !
Bref ça me saoule, ça me saoule, ça me saoule ! C'est pas qu'il se passe rien à l'IIT ou à Chennai, c'est juste qu'on sait pas ce qu'il s'y passe ni quand... Le système d'information est vraiment minable (dixit une Chennaite) et de toute façon "Chennai ça pue" (dixit 90% des Indiens que je connais). Ouais mais autour d'un verre le monde est tout de suite plus accueillant, plus amical, plus social... PLUS HUMAIN.... Et pas juste une espèce de poubelle puante déprimante !
Vivement que je vois le Nord de l'Inde : il parait que les gens y sont sociables, et que c'est un peu mieux entretenu.

Bcp me disent "oui mais l'Inde c'est pas l'Europe !". Bah je sais bien ! Et ça n'aurait aucun intérêt. Mais anticiper, partager, vivre... C'est censé être commun à toutes les populations non ?
Et puis ils se plaignent que ça pue, que c'est sale, que y'a rien à faire... Ouais bon je commenterai pas ça deviendrait méchant là...

Mais sérieux... Je comprends mon cours d'Histoire de terminale. Quand on nous enseigne la colonisation : la volonté d'instruire les gens. Franchement ça part d'un fond vraiment bon, sur des bases tout à fait logique. Après la forme que ça a pris ça c'est autre chose... Mais si vous sentiez l'odeur des rivières ou voyiez le taux d'in-éducation... Vous comprendriez. Je n'adhère pas, mais je comprends... Malheureusement "on peut rien y faire"...

6 commentaires:

  1. Ils pourraient te répondre qu'ils ne t'ont pas demandé de venir. Que, si c'est mieux ailleurs, pourquoi narguer les locaux avec ton argent (on va te plumer sans scrupule)? Avec ta culture (l'indienne est bien plus ancienne)? Avec ta technique (le progrès est-il donc un bien en soi) ? Avec ta jolie frimousse (les nôtres sont plus belles)? Avec ton sourire et ta compassion (on n'en a rien à cirer)?
    La colonisation, du point de vue du colonisateur, avait certes en but proclamé l'aide à des populations nécessiteuses. Le but concret était le commerce: ramener des denrées absentes des marchés occidentaux, vendre ou imposer des technologies de dépendance, noyauter probablement en sous-main les dirigeants pour mieux tirer les ficelles.
    Du point de vue du colonisé, certains pouvaient percevoir les avantages théoriques et en étaient reconnaissants, mais à condition de tirer les marrons du feu.
    La plupart des colonisés, comme l'a montré la suite de l'histoire, ne se sentaient pas colonisés mais envahis. Cette occupation a inéluctablement tourné au rapport de forces.
    Alors faut-il baisser les bras? Ayant éliminé certaines missions humanitaires qui n'apportent du bien qu'aux organisateurs, reste-t-il beaucoup d'actions sincères de part et d'autre?
    C'est précisément là où se situe la personnalité de chacun: devant un choix dont on sait pertinemment qu'il sera toujours contesté par l'une ou l'autre partie, voire les deux.
    Et pourtant, beaucoup ont fait ce choix: aider sans se poser de questions. Ils tiraient leurs force et leurs convictions d'autre chose que les discours politiques habituels. Ils puisaient leur énergie à d'autres sources que les récompenses financières ou l'ivresse de la guerre.
    L'Inde est le test ultime pour ces situations. Vérifier le bien-fondé de sa ligne de conduite. Eprouver la solidité de ses bases. Dépouiller les discours des phrases creuses. Faire craquer le vernis des apparences. Malgré les épices,le riz reste riz.
    Mais on peut choisir ses épices.

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  2. Que tu ais fait de ton blog une tribune de ta colère est en soi ton souci, même si c'est dommage que tu n'arrives pas à régler tes problemes différemment. En dialoguant par exemple.

    Mais venir parler de la colonisation dans ce contexte, ça pue Cécile. Et je le dis gentiment. Si tu te considères comme la petite blanche d'une "race supérieure" venue voir comment ca se passe chez les "races inférieures", t'es vraiment à côté de la plaque. Parce que c'est exactement comme ça que ça se ressent.

    Et d'un point de vue historique, ça n'a pas de sens : aucun Empire colonial ne s'est développé pour aller éduquer des populations dans le monde. Ca c'est le discours gentil de Jules Ferry, mais il disait en meme temps que c'etait aussi pour faire rayonner la puissance française et développer le commerce... Sachant que quand le discours a été prononcé, la France avait déjà constitué son Empire colonial ! Discours de facade donc, dans ce qui a bien constitué une "course au clocher" : une volonté de puissance mondiale, associée à un contrôle du commerce. Et n'importe quel Indien un peu renseigné te rira au nez si tu lui dis que les Britanniques ont développé l'éducation sur le sous-continent (les taux d'alphabétisation existent pour 1947)...

    Bref, même sous la colère, il y parfois des limites. Car je préfère croire que c'est seulement la colère qui te fait écrire ca, non ? ;)

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    1. Un blog a le mérite de la spontanéité. Ce n'est pas le l'endroit d'un débat. Qui de toutes façons a déjà eu lieu. Et ne sera jamais résolu. Et nos commentaires n'y changeront rien. Entre les propos aseptisés, le politiquement correct, la castration intellectuelle, les discussions de café, il y a l'expérience directe, le vécu quotidien, le contact au jour le jour. On relate ici une expérience. Evidemment qu'on la regarde avec ses yeux, son passé, sa culture, son expérience. Contrairement à ce qui est lu entre les lignes, interprété, voire déformé, on trouve bien plutôt beaucoup d'espoir, de compassion, de volonté de se tourner vers les autres. En toute naïveté. Et les coups de gueule, les ras-le-bol, les cris de colère sont autant d'appels à améliorer ce que les gens d'en face ne savent plus voir. Loin d'être une condamnation, on est à des années lumières d'un esprit colonialiste. Et si nos grands-pères furent des colons, leurs motivations restent complexes. Pas d'amalgame entre les motivations individuelles et celles d'une nation.
      Aujourd'hui encore les Indiens remercient les anglais d'avoir apporté une autre éducation (pas forcément meilleure,pas forcément la meilleure): les collégiens arborent fièrement un uniforme so british, les étudiants vont chercher les références à Londres, et l'anglais permet de communiquer facilement.
      Cécile, les commentaires expriment les idées de ceux qui les écrivent. Pas les tiennes.
      Continue. Sois toujours toi: directe, lucide, sensible.
      Et merci.

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  3. Matthieu je parle en connaissance de cause. Mais je t'invite à relire mon article : je ne fais pas l'éloge de la colonisation. Je dis juste que quand on vit ici, on peut comprendre que certains aient eu envie de tout changer.
    Que tu t'habitues à tout ici, tant mieux pour toi, moi il y a des convictions inébranlables dans mon coeur et rien ne les changera, même pas l'Inde.
    Nous avons pas mal discuté tous les deux, je suis surprise que tu commentes "la petite blanche d'une "race supérieure" venue voir comment ca se passe chez les "races inférieures""... Si c'était le cas, j'aurais fait comme ces 2 Allemandes, je serais partie après 7 jours. L'Inde n'est pas un zoo (même si le campus avec ses singes, ses perroquets, ses biches, en a l'allure !!!). L'Inde est une expérience humaine de partage et de découverte pour moi. Je n'ai pas ta culture historique ni politique, c'est indéniable. Mais j'ai une expérience que tu n'as pas, et tu en as une autre. J'ai parlé à de nombreux Indiens pendant que j'écrivais ça. Du point de vue de certains ils l'ont (le colonisation) appréciée pour ce qu'elle a apporté. Parce que leur empire avait été détruit (demande à n'importe quel vrai Indien, il aura une haine sans borne envers les "Moghols" - ceux qui ont détruit entre autres Hampi, pas les Anglais). Parce qu'aussi défectueux que soit le système britannique certaines personnes y allaient avec une véritable envie d'aider. Et certains ont su recevoir.
    Je ne suis pas là pour changer l'Inde. Je ne suis pas là non plus pour l'accepter dans sa totalité. J'ai le droit d'être en désaccord avec leur façon de faire/voir certaines choses. Et après discussion avec eux, ça les intéresse. Parce que mon point de vue, aussi brûlant soit-il leur apporte un nouvel horizon.
    Que tu n'aies pas besoin de t'exprimer publiquement pour calmer tes coups de gueule tant mieux pour toi. Moi j'ai une famille morte d'inquiétude, des amis curieux, qui veulent connaître ça - parce que je suis "la grande gueule". Me taire ? Jamais.
    Chaque jour je reçois énormément de choses de ce pays. Perçu comme bien ou mauvais c'est une autre histoire. Mais trop pour l'accumuler silencieusement. Et sans vouloir les coloniser comme tu l'as interpréter apparemment, oui j'ai envie que l'Inde soit propre, oui j'ai envie qu'ils anticipent un peu les choses parfois ! Ce n'est pas rejeter leur culture, c'est essayer de la redorer, parce qu'elle est précieuse et qu'elle fut une des plus grandes au monde...

    Je pense juste que pour toi c'est plus facile ici... Le fait d'être une fille ça complique pas mal les choses : les garçons ont VRAIMENT du mal à nous parler (pour une Indienne, si un garçon aborde une inconnue, c'est de la drague - forcément ça en freine pas mal), et les filles de Sarayu ne sont pas toujours très... curieuses. Avec la tonne de devoirs que j'ai par moment, j'ai juste pas le temps de faire la démarche d'aller les chercher tous les jours.
    Quant à dire que mon blog est une tribune de colère pour 4 articles sur 55... C'est un peu fort. Mais c'est ton point de vue.

    Je préfère qu'on en parle de vive voix, tu sais comment me trouver.

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    1. fbef6392-d731-11e1-bc58-000bcdcb2996,
      Heureusement que les commentaires expriment les idees de ceux qui les ecrivent, je verserai dans la schizophrenie sinon.
      Ce n'est sans doute pas le lieu du debat, car il ne peut se faire dans ce lieu de spontaneite, d'emotions et de paroles directes. Mais je ne serai pas aussi ferme sur l'inaboutissement d'un tel debat - encore faut il s'entendre quels en sont les termes - car justement il serait sterile de ne pas connaitre le passe pour avancer. L'influence britannique a par ailleurs ete indeniable la ou l'Empire est passe, ce qui ne signifie pas son efficacite de developpement.Et il ne s'agit pas de faire un proces de qui que ce soit, l'histoire n'est pas un tribunal qui rend ses jugements envers qui que ce soit. Au contraire, elle signifie le tremplin de ce que nous pouvons faire aujourd'hui. Ce qui ne veut pas dire qu'on reste à chez soi pour faire cela. Ici, en Inde, les Indiens ont beaucoup à nous dire, à nous apprendre. Et ca dépasse les simples commentaires de blog anonymes.


      Cecile,
      Tant mieux si tes amis et ta famille sont si heureux de retrouver ta "grande gueule" dans tes articles, mais moi elle m'etonne car elle ne correspond pas a la Cecile que je connais en Inde et que j'ai vu tout a l'heure. Que je serai tres heureux de retrouver bientot pour en discuter, car oui, de vive voix on se comprend mieux, et on evite les mesinterpretations.
      A très vite donc,
      Mathieu.

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  4. Cette année-là, la mousson avait été particulièrement violente. La région entière inondée, les pertes matérielles, animales et humaines furent grandes. À la recherche de solutions, les principaux dirigeants s'étaient réunis. De nombreuses mesures avaient été proposées : détourner certains cours d'eau, construire des digues, creuser des bassins, installer des pompes, faire appel à l'aide internationale, collecter des fonds, éventuellement changer le climat. Plein de bonnes idées. Quand arriva le tour de prendre la parole de la dernière personne, un insignifiant petit bout de bonne femme, tout semblait avoir été dit. « Aucun sens pratique, affirma-t-elle. Rien n'est applicable de tous vos beaux discours. Voilà ce qu'il faut faire : remplir des sacs avec du sable, quadriller le terrain avec les sacs par carrés de 10 m, vider un carré dans l'autre jusqu'à assécher toute la région. »
    Un silence confus suivit la déclaration. Chacun comprit qu'il fallait abandonner de fumeuses théories et tout simplement relever les manches. La dernière personne à parler était pourtant une occidentale, une étrangère venue de contrées de colonisateurs, mais sans aucun préjugé. Elle s'appelait mère Térésa.
    Bien sûr à force d'étudier les peuples dans les livres, de reconstruire le passé, de faire de la politique fiction, d'appliquer des théories pondues dans un confortable fauteuil, on perd le contact avec la réalité. Il est facile d'afficher une grande bienveillance pour un peuple en général, de proclamer des idées altruistes et même compassionnels à des souvenirs de lecture, voire de « faire de l'humanitaire » et surtout le faire savoir.
    Comme tout est creux et vide et triste quand la passion est absente ! On peut même jouer les moralistes à peu de frais !.
    On ne peut rien y faire ? Mais le moindre acte est important. Si chaque grain de sable s'estimait inutile, il n'y aurait pas de plage. Si chaque goutte d'eau voulait s'évaporer, il n'y aurait plus de mer. Si chaque grain de blé voulait rester sec, il n'y aurait plus de pain.

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